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le p’tit gars du colon

Mystère ineffable ; bonheur intime de l’âme pacifiée, baignée de sang divin…

Plus d’autre parole, maintenant, ne peut être autant de lumière et d’allégresse que la dernière, au seuil des joies infinies :

« Proficiscere… monte au ciel, âme chrétienne… »

Mais sera-t-elle dite, cette parole ? Si la mort entrait soudainement, traîtreusement, sans que personne ne fût là ?

Dans la petite salle d’avant, le prêtre retrouva François Gaudreau et ses jeunes enfants ; ils disaient à mi-voix le chapelet. Ils achevaient la dernière dizaine. Le curé leur fit signe d’aller jusqu’au bout. « Gloire soit au Père, et au Fils… » on devina le reste qui s’étouffa dans un sanglot.

Ils se relevèrent.

— Gloire à Dieu, mes bons amis, fit le prêtre d’une voix émue ; votre sainte épouse, votre bonne mère est toute entière entre les mains de Notre-Seigneur. Ne pleurez pas sur elle qui va goûter la paix du ciel, ni sur vous qui sentirez sa bénédiction vous accompagner…

François, dit-il au père, venez ; me chercher, demain matin : je porterai la sainte communion.

Par pitié pour leur grande détresse, il ne prononça pas le mot de viatique qui fait trop songer au trépas ; ni celui d’Extrême-Onction qui sonne