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le p’tit gars du colon

de perdre sa force ; et lamentablement son front tombe ; son âme fléchit.

L’église est obscure ; la clarté blafarde venant des cierges de cire jaune autour du catafalque, n’y répand aucune joie.

Ce n’est plus la grand’messe lumineuse et vibrante que fut celle toute belle, jadis, un gai dimanche de juin. Il s’en souvient, le petit François. Quelle surprise poignante, aujourd’hui ! Le voile terne piqué de larmes d’argent ; la plainte infinie du requiem, de ce mot qui revient si souvent, qu’il ne comprend pas, mais dont il sent bien à cause du frisson qu’il jette sur l’âme, et du froid qui saisit le cœur, que c’est le refrain mortel d’un adieu.

La cloche elle-même et la clochette de l’autel comme sa grande sœur du beffroi, toutes les deux rieuses et vibrantes dans les allégresses dominicales, les deux voix se lamentent, et c’est encore l’adieu répété, leur requiem porté sous les brumes d’octobre à l’horizon triste.

Mon Dieu ! mon Dieu !… oui, que c’est triste, l’enterrement d’une mère ! triste, pour les petits orphelins…

Le cortège s’est formé vers le cimetière. La pluie s’est arrêtée par pitié pour ce brave monde qui fait escorte. Mais le firmament reste chargé d’un brouillard obstiné : l’herbe morte, où se fanent des feuilles salies de boue, cette herbe mouillée s’écrase