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VIII

LENDEMAINS SOMBRES


D EPUIS ce jour, François Gaudreau, le père, est taciturne, presque bourru, tant le chagrin l’a remué, faisant refluer de ce cœur d’homme blessé par l’épreuve, le fiel et l’amertume des bas-fonds.

Ne l’avait-il pas senti que le malheur briserait sa vie ?

Tout était venu d’un coup : la récolte manquée, puis l’accident, cet orage tuant la meilleure bête de son troupeau ; puis tout le maigre argent dépensé dans la maladie de sa femme, les remèdes inutiles… les soins payés d’une étrangère, et la mort.

Les dettes s’accumulaient ; des appréhensions, des peurs terribles paralysaient son énergie ; le travail ne se faisait plus ; il le voyait : la ruine montait, hideuse et l’enserrant, de sa terre négligée, de ses bâtisses délabrées…

Il eut fallu secouer sa torpeur, se raidir et lutter,