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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/144

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GOB — GOÊL

dans le récit parallèle, I Par., xx, 4, l’hébreu, la Vulgate, le chaldéen et les Septante portent Gazer, tandis que le syriaque met Gaza. On lit de même Gazer, dans Josèphe, Ant. jud., VII, xii, 2. — Dans le second passage, II Reg., xxi, 19, l’hébreu, la Vulgate, le chaldéen donnent Gob ; les Septante hésitent entre Ῥόμ, Ῥόϐ et Nώϐ. Le récit parallèle de I Par., xx, 5, n’offre aucun nom de localité. Pour ajouter encore à la difficulté, bon nombre de manuscrits hébreux ont Nôb au lieu de Gôb dans les deux versets du II « livre des Rois. Cf. J.-B. de Rossi, Varias lectiones Vet. Testamenti, Parme, 1785, t. ii, p. 190. Faut-il croire que Gob est une faute de copiste pour Gazer ou pour Geth ? Faut-il, avec Keil, Die Bücher Samuel, Leipzig, 1875, p. 362, en faire un endroit voisin de Gazer ? Faut-il, enfin, le maintenir seulement comme lieu du troisième combat, II Reg., xxi, 19, en plaçant le second à Gazer, v. 18, et le quatrième à Geth, v. 20? Le champ est ouvert à toutes les conjectures.

A. Legendre.

GODEAU Antoine, prélat français et littérateur, né à Dreux en 1605, mort à Vence le 21 avril 1672, s’adonna tout d’abord à la poésie et fut un des premiers membres de l’Académie organisée par Richelieu. En 1635, il entra dans les ordres et ne tarda pas à être nommé évêque de Grasse, siège qu’il échangea pour celui de Vence. Godeau a beaucoup écrit ; nous ne citerons de lui que les ouvrages suivants : Paraphrase sur les Épîtres aux Corinthiens, aux Galettes et aux Éphésiens, in-4°, Paris, 1632 ; Paraphrase sur l'Épître de saint Paul aux Romains, in-4°, Paris, 1635 ; Paraphrase sur l'Épître de saint Paul aux Hébreux, in-12, Paris, 1637 ; Paraphrase sur les Épîtres canoniques, in-12, Paris, 1640, Paraphrase sur les Épîtres de saint Paul aux Thessaloniciens, à Timothée, à Tite et à Philémon, in-12, Paris, 1641 ; Les Psaumes de David traduits en vers français, in-12, Paris, 1648 (les protestants ont souvent recours à cette traduction) ; Version expliquée du Nouveau Testament, 2 in-8°, Paris, 1668. — Voir Richard Simon, Histoire critique du Nouveau Testament, 1693, p. 879 ; Dupin, Biblioth. des auteurs ecclésiastiques du XVIe siècle, 2° partie, 1719, p. 429 ; A. Speroni degli Alvarotti, Vita di A. Godeau, vescovo di Vence, in-4°, Venise, 1761 ; Bibliographie catholique, t. xxxiv, p. 185 ; K. Sudhoff. dans Herzog, Real-Encyklopädie, 2e édit., t. v, 1879, p. 250.

B. Heurtebize.


GODOLIA. Voir Godolias 2.


GODOLIAS (hébreu : Gedplyâh et Gedalyâhû, « Yàh, c’est-à-dire Jéhovah est grand ; » Septante : Γοδολίας), nom de quatre Israélites.


1. GODOLIAS, lévite, un des fils ou disciples d’Idithun. I Par., xxv, 3. Il était chef de la seconde des vingt-quatre classes de chanteurs dans le service du Temple, x, 9.


2. GODOLIAS ou, selon le texte actuel de la Vulgate, Godolia, un prêtre du temps d’Esdras, qui avait épousé une femme étrangère durant sa captivité. I Eadr., x, 18.

3. GODOLIAS, fils d’Ahicam, avait été nommé gouverneur de la Judée par Nabuchodonosor après la ruine de Jérusalem. IV Reg., xxv, 22 ; Jer., XL, 5. Il résidait à Masphath ; Jérémie se retira près de lui, Jer., xxxix, 14 ; XL, 6 : car Godolias entrait bien dans ses vues, et d’ailleurs son père, Ahicam, l’avait déjà protégé contre ses ennemis. Jer., xxvi, 24. Les Juifs restés dans le pays et ceux qui s'étaient enfuis dans le pays de Moab, d’Ammon ou d’Idumée, se réunirent aussi auprès de Godolias. Jer., xl, 8-12. Johanan, fils de Carée, vint le prévenir des mauvais desseins du roi d’Ammon contre lui. Baalis devait envoyer Ismahêl pour le tuer. Godolias n’en voulut rien croire, reçut Ismaël à sa table ; mais à la fin du repas, celui-ci et ceux qui l’accompagnaient se jetèrent sur Godolias et le massacrèrent avec les Juifs et les Chaldéens qui l’entouraient. IV Reg., xxv, 23-25 ; Jer., xl, 15-16 ; xli, 1-3. Ce qui amena le reste du peuple à se réfugier en Égypte. Jer., xli, 17-19.

4. GODOLIAS, fils d’Amarias et père de Chusi, par conséquent aïeul du prophète Sophonie. Soph., i, 1.

E. Levesque.

GÔÊL (hébreu : gôʾêl), mot hébreu qui n’a d'équivalent exact dans aucune de nos langues européennes, ni, dans son sens spécial, dans les autres langues sémitiques. On ne peut se rendre compte de toute sa force expressive que dans le texte original. Comme ce terme a une véritable importance, il est nécessaire de s’en faire une notion exacte. Gôʾêl désigne un proche parent qui doit remplir envers un membre de sa famille ou de sa parenté des devoirs particuliers.

I. Origine du mot.Gôʾêl vient du verbe gâʾal, qui signifie en général « réclamer » une chose, « revendiquer » une personne, ou bien une chose (Gâʾal se prend dans le simple sens de « racheter » une chose vouée ou la dîme. Lev., xxvii, 13, 15, 20, 31, 33). Par une exception assez rare, le mot gâʾal et son dérivé gôʾêl ne se retrouvent dans aucune langue sémitique autre que l’hébreu. On lit gôʾêl, il est vrai, dans le Samaritain et dans le Targum, mais c’est un emprunt qu’ils ont fait à la Bible. L’obligation pour les proches parents de venger le sang des leurs, qui existe aussi parmi les Arabes, porte chez eux un nom différent, elle s’appelle [texte arabe] thar.

II. Devoirs du gôʾêl chez les Hébreux. — Le gôʾêl est tenu à certains devoirs spéciaux qui consistent : 1° à racheter son parent devenu esclave ; 2° à racheter son champ, lorsqu’il a été aliéné ; 3° à épouser sa veuve restée sans enfants ; 4° son obligation la plus stricte et la plus importante est de venger le sang de ses proches, s’ils viennent à être tués.

I. RACHAT DU PARENT DEVENU ESCLAVE. — L’obligation du rachat incombait au gôʾêl ou proche parent, quand un des siens était devenu esclave. Lev., xxv, 47-49. Cette obligation, appelée ici נאלה, gêʾullâh, n'était sans doute pas très stricte ; elle constituait seulement un droit que les parents, sans y être rigoureusement tenus, pouvaient faire valoir afin de forcer, s’il était nécessaire, le propriétaire de l’esclave à accepter sa rançon. Cf. Esclave, t. ii, col. 1923. — L’ordre de parenté, selon lequel le gôʾêl pouvait ou devait intervenir en faveur de l’esclave, est expressément indiqué, Lev., xxv, 48-49 : « Un de ses frères le rachètera (ig’âlénnu ; Vulgate : redimet), ou bien son oncle, ou le fils de son oncle le rachètera ou quelque autre de son sang, de sa famille, le rachètera. » L’esclave pouvait aussi se racheter lui-même, s’il en avait le moyen.

II. RACHAT PAR LE GÔʾÊL DU CHAMP DE SES PROCHES. — Quand un Israélite, à cause de sa pauvreté, a été forcé de vendre son bien-fonds, ses parents plus fortunés ont le droit de le racheter : « Si ton frère devient pauvre et vend quelque chose de ce qu’il possède, son gôʾêl, son parent, haq-qârôb, rachètera, gâʾal, ce qui a été vendu par son frère, » Lev., xxv, 25. Ce droit de rachat, gêʾullâh, v. 24 ; Jer., xxxii, 7, a pour but de rendre perpétuelle dans les familles la propriété foncière, conformément aux prescriptions de la loi. Lev., xxv, 23. L’ordre selon lequel les parents doivent racheter le champ est sans doute le même que dans le cas précédent. Nous trouvons un exemple de l’exercice de ce droit et de la substitution d’un gôʾêl, parent d’un degré inférieur, à un gôʾêl plus proche, dans le livre de Ruth. Le gôʾêl joue un grand rôle dans cette histoire. Booz est un des parents de Noémi, mig-gôʾâlênû, « un de ses gôʾêl. » Ruth, ii, 20. C’est à ce titre que Ruth lui demande