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Page:Diodore de Sicile - Bibliothèque historique, Delahays, 1851.djvu/58

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DIODORE DE SICILE.

et défendre l’État, comme en Égypte les cultivateurs qui fournissent des soldats. La dernière classe renferme les ouvriers occupés à des arts manuels et payant les charges publiques les plus nécessaires ; un ordre semblable existe aussi chez les Égyptiens. Les Athéniens ont eu des généraux d’origine égyptienne ; tel était Pétès, père de Ménesthé, qui avait été de l’expédition de Troie, et qui avait régné ensuite sur Athènes. [On dit la même chose de Cécrops][1], qui avait une double nature ; les Athéniens n’ont jamais pu donner les véritables raisons de ce phénomène. Il est pourtant évident pour tout le monde que, puisqu’il se trouvait citoyen de deux États, l’un grec et l’autre barbare, on lui attribua une double nature, moitié bête et moitié homme.

XXIX. Les Égyptiens avancent aussi qu’Érechthée, ancien roi d’Athènes, était originaire d’Égypte, et ils en apportent les preuves suivantes : Selon une croyance généralement accréditée, une grande sécheresse désola tout le continent, à l’exception de l’Égypte, qui en fut préservée par sa position naturelle ; cette sécheresse faisait périr les hommes et les fruits. Érechthée se souvenant de sa double origine fit alors transporter du blé de l’Égypte à Athènes, dont il fut nommé roi par la reconnaissance publique. Après avoir accepté la royauté, il institua à Éleusis les initiations et les mystères de Cérès, d’après les rites égyptiens. C’est à cette époque que la tradition place l’apparition de Cérès dans l’Attique et l’importation des céréales dans Athènes ; c’est ce qui a donné lieu à la croyance que Cérès fit connaître la première la culture de ces fruits. Les Athéniens affirment que l’apparition de Cérès et le don du blé arrivèrent sous le règne d’Érechthée, dans un temps où le manque de pluie avait fait périr tous les fruits. De plus, les initiations et les mystères de cette déesse furent alors établis à Éleusis, où les Athéniens observent les mêmes rites que les Égyptiens ; car les Eumolpides dérivant des prêtres égyptiens, et les hérauts des Pastophores[2]. Enfin,

  1. Les mots placés entre deux crochets n’existent pas dans le texte, qui est ici évidemment mutilé. Tous les critiques sont d’accord qu’il est question de Cécrops.
  2. Ceux qui portent dans les processions égyptiennes le châssis (παστός) d’Isis.