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L’INVASION MAROCAINE

Maures, Touaregs et Bambaras se distinguèrent en cette circonstance. Des colonnes marocaines, commandées par des caïds durent parcourir le Baghena, le Diaka, Dienné et les pays du Haut-Niger : naturellement, ils ravagèrent à leur tour ces contrées.

Pendant ce temps, le pacha Mahmoud était occupé de semblable besogne à l’autre extrémité du royaume, au Houmbouri, et dans le Dandi où s’étaient réfugiés les Songhois irréductibles groupés autour d’Askia Noé.

Vers 1595, le gros œuvre de la conquête était achevé. Les Marocains s’étant rendu compte que le Niger était l’âme du Soudan, avaient échelonné des garnisons, tant sur la partie occidentale de son cours qu’en la partie orientale : à Dienné, Tindirma, Tombouctou, Bamba, Gaô et Koulani, à l’extrême sud-est. Chacun de ces postes était commandé par un caïd.

Le gouverneur de la colonie avait le titre de pacha ; le sultan le nommait et l’envoyait du Maroc. Il détenait le pouvoir et l’administration civils seulement. Le commandement supérieur des troupes était dévolu à l’un des caïds. Puis venait un Hakim ou Kahia détenant à la fois les services de trésorerie et d’intendance. D’autre part le sultan avait institué deux Amin qui étaient des sortes de contrôleurs de la couronne, dont l’un résidait à Tombouctou et l’autre à Dienné. Ces deux villes et Gaô étaient les grands centres de l’occupation. Dienné et Gaô le cédaient cependant à Tombouctou qui devint la capitale de la colonie. Placée en tête de ligne sur la route du Maroc, elle était la résidence du gouverneur, et le centre des forces militaires ; là arrivent les renforts ; de là partent les expéditions.

Tel fut le cadre marocain de la colonie. Elle avait d’autre part un cadre indigène. Mahmoud, après avoir assis le prestige des vainqueurs sur les cruautés que l’on sait, s’était rendu compte que l’administration du pays serait impossible