Page:Dubois - Tombouctou la mystérieuse, 1897.djvu/282

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
266
TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

fond de la boucle du Niger. « Leur sultan vint à la tête d’une grande armée. Les nouveaux maîtres de la ville eurent peur et s’enfuirent. L’ennemi pilla, incendia, et tua beaucoup d’habitants. Puis, chargé de richesses, le sultan et son armée rentrèrent au Mossi. Les gens du Mali reprirent possession de Tombouctou et en restèrent maîtres pendant cent ans. » (1337-1434)

La jeune cité se releva de ses ruines. Les habitations en paille se firent de plus en plus rares. Cependant, tandis que Tombouctou renaissait, le royaume du Mali déclinait. « Les premiers maîtres de la ville ne manquèrent pas de profiter de cette décadence. Les Touaregs Maksara s’habituèrent à piller les environs, et les Malinkés n’osaient se présenter pour combattre. Alors Akil, le chef des Touaregs, leur fit savoir : « Si vous ne pouvez défendre Tombouctou, cessez de l’occuper. » Et les gens du Mali se retirèrent.

Pendant une quarantaine d’années les nomades régnèrent de nouveau et commirent de nouveau les pires excès, « se montrant oppresseurs et tyrans, accumulant les exactions, chassant les gens de leurs demeures et violant leurs femmes », si bien que, pour la seconde fois, les Tombouctiens cherchèrent un maître.

Vers le milieu du xve siècle, Ali le Conquérant commençait à Jeter les bases de [a grandeur des Songhoïs. Les Touaregs ayant lésé même leur propre gouverneur, Oumar[1], celui-ci en conçut une vive irritation et songea à se venger. « Ayant envoyé secrètement un messager à Sunni Ali, il l’informa en toutes choses sur Akil et les Touaregs, montra leur faiblesse et promit de lui livrer la ville. En même temps que ces paroles le messager apportait les sandales d’Oumar, pour prouver la véracité de ses dires. Sunni Ali accepta la proposi-

  1. Ce fut lui qui édifia la troisième mosquée de Tombouctou, Sidi Yahia, appelée ainsi du nom d’un pieux et savant ami d’Oumar qui y fut enterré.