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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

Refoulé par les dunes du Sahara, il fait un brusque coude vers l’est. Comme naguère les monts du Foula Diallon, les dunes suivent étroitement sa rive gauche et ne lui permettent pas de s’y répandre avec ampleur. Au contraire, sur la rive droite il trouve encore des terrains propices aux inondations, mais de moindre étendue que précédemment. Son action fertilisatrice se manifeste là aussi : des canaux et des lacs irriguent cette contrée naturellement, et le pays de Bamba est réputé par sa richesse.

Tout à coup le fleuve est arrêté dans sa marche vers l’est par le massif granitique de Taosay. Il s’y fraye un étroit passage, ensuite, lassé de lutter contre ces masses rocheuses ainsi que le montrent ses rives encaissées et abruptes, il se jette droit vers le sud.

Ici encore la rive gauche lui reste inhospitalière, au contraire de la droite où il peut accomplir à l’aise ses habituelles et merveilleuses transformations. Il s’attarde de nouveau, si bien que sa crue et lui n’arrivent qu’en juillet à Saï et parviennent à son embouchure en septembre seulement.

Il a donc fallu un an et demi environ à l’énorme masse d’eau tombée dans les pays du Haut Niger pour atteindre, considérablement amoindrie, l’océan Atlantique.

Il est aisé de se rendre compte maintenant que la nature n’a rien négligé pour rendre ces régions du sud aptes à alimenter un commerce aussi important que le fut celui de la Tombouctou de l’histoire. On imagine les richesses qu’il est possible de tirer d’un pays ainsi architecturé. L’élevage comme la culture y peuvent atteindre un degré de prospérité extrême.

Au moment des inondations, autour des villages, devenus des îles, ce ne sont que rizières. À la limite des inondations,