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CHAPITRE VIII

Un jour, Maria Renaud était assise près de la fenêtre, absorbée par un ouvrage de broderie.

Sa mère lui jetait de temps en temps des regards à la dérobée et un pli profond se creusait alors entre ses sourcils noirs et épais.

C’eut qu’elle n’était pas contente de sa fille, la mère Renaud.

Le veuf avait beau devenir de plus ou plus aimable et galant ; il avait beau faire de beaux cadeaux à la jeune fille, celle-ci s’obstinait à ne pas lui donner d’encouragement. Elle ne répondait que par de» monosyllabes aux questions qu’il lui adressait, et son visage prenait un air ennuyé chaque fois qu’il entrait dans la maison.

Pourtant, il ne se décourageait pas.

Au contraire, il redoublait d’attention et de prévenances.

Cependant, ses parents, qui tenaient toujours à avoir Edmond Barnier pour gendre, commençaient à craindre que celui ci ne finisse par se décourager et se décider à porter ses attentions ailleurs.

La mère s’était donc promis d’avoir, à ce sujet, une conversation sérieuse avec sa fille, et cette après-midi là, elle trouvait l’occasion favorable.

— À quoi penses-tu donc. Maria ? lui dit-elle, tout à coup. Tu as l’air bien sérieuse.

— À rien, maman.

— C’est peu profitable, ma chère enfant. Tu ferais mieux de songer à quelque chose de plus sérieux que cela.

Voyant que sa fille gardait le silence, elle continua, après une pause.

— Écoute, Maria, il y a quelque chose dont je voudrais te parler, depuis quelque temps.

C’est à propos du veuf Barnier.

Je voudrais savoir pourquoi tu es si désagréable avec lui ?

— Mais, maman, comment puis-je être désagréable avec lui ? Je ne lui dis jamais un mot.

— C’est justement cela. Tu le traites avec un mépris sans pareil.

— Je ne le méprise pas, mais il m’ennuie, quand il vient ici.

— Ne fais pas l’hypocrite ! dit la mère qui commençait à s’exciter. Tu le détestes le pauvre homme, et cela ne te gêna pas de le lui montrer.

Quel mal t’a-t-il donc fait pour