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Page:Ernest Renan - Le livre de Job, Calmann-Levy, 1860.djvu/45

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en lui disant : « Un enfant mâle t’est né, » et le remplit ainsi de joie !

Que cet homme-là soit comme les villes que Jéhovah a renversées sans retour ; que le matin il entende des cris d’alarme, et à l’heure de midi des clameurs tumultueuses ;

Parce qu’il ne m’a pas tué dès le sein de ma mère, de telle sorte que ses entrailles fussent mon tombeau et qu’elle m’y portât à jamais.

Pourquoi suis-je sorti du sein de ma mère, pour voir la peine et la douleur, et pour que mes jours se consument dans l’opprobre ?


Que l’on compare ce passage aux éloquentes malédictions de Job (iii, 3 et suiv. ; x, 18) et on n’hésitera pas à dire lequel des deux auteurs a copié l’autre[1]. La mollesse, la pesanteur, l’absence

  1. Il existe encore deux ou trois endroits parallèles, mais moins frappants, entre Job et Jérémie. Jérémie, du reste, est sujet à ces sortes de réminiscences ; on retrouve chez lui beaucoup de passages des autres écrits hébreux. V. Kueper Jeremias