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la danse macabre


Mère d’illusion que me veux-tu ?
 — Je danse.
Quand se lèvent mes bras s’agite l’univers
Et se figure un mort qui sort de son tombeau ;
Les mondes à mon pas s’émeuvent en cadence,
Je vais sans savoir où, et mes deux bras ouverts,
Mon corps ingénument danse, et c’est toujours beau !

 Je suis fille, folle fille
 Qui s’avance en sautillant
 Dans ses jupes qui frétillent
 Au tumulte provocant.
 Ma chair blonde est ma cuirasse,
 Toute armée et toute nue,
 Fleur et braise, neige et glace,
 Je passe, flamme et statue.

 Mes talons je les secoue
 Comme on lâche ses sabots ;
 Sur mes deux pointes debout,
 Je danse, et c’est toujours beau.
 Plus de pieds et plus de ventre,
 Plus de cerveau ni de cœur,
 Je tourne autour de mon centre,
 J’abroge la pesanteur.

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