Page:Fagus - La Danse macabre, 1920.djvu/154

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
la danse macabre


Et comme un fou tourner ou comme un somnambule,
Dirai-]e jusqu’à en mourir ? non : puisqu’ici,
Convulsif ossuaire, uniquement ambulent
Des espèces de spectres en épilepsie !

Le long de ces parois courent des écritures
Faites de traits de foudre : apparues, disparues,
Réapparues, à temps égaux, elles fulgurent,
Lancinantes comme les douleurs des perclus.

Et je lis, même si je bouche mes paupières :
— Marchand de plaisir ! Marchand d’oubli !
Marchand de paresse ! Marchand de misère !
Marchand de haine ! Marchand de folie !

Le sol semble un putride et mouvant macadam
De joyaux, d’ossements, de débris de tombeaux,
De morceaux de statues, de perruques de femmes,
De crucifix, d’étrons, de livres en lambeaux…

Marchè-je ? je l’ignore, ou si l’odieux rêve
Se déplace et tourne sous moi : suis-je en prison
Dans un corbillard de cristal ? sans but ni trêve
Des avenues se multiplient sans horizon ;

— 152 —