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la danse macabre


 Les tourtereaux vont roucoulant,
 Le zéphyr au tendre murmure
 Fait refleurir le lilas blanc :
 Vous devez penser, il me semble,
 À ce lilas que vous aimiez :
 Nous allions le cueillir ensemble.
 Tandis que volaient les ramiers !

 D’affreux marlous les vont suivant,
 Qui reprennent en larmoyant :
— Mais le lilas blanc qu’aimait tant ma mie
S’est bientôt fané quand a fui l’avril,
Et quand reviendra la saison bénie.
Ton cœur adoré me reviendra-t-il ?

 Et Gretchen qui fut Marguerite
 À l’écart chantonne tout bas,
 Berçant des Ne-m’oubliez-pas :

 — Œil bleu qui te meurs de te souvenir,
 En son honneur sans fin tu fleuriras ;
 Croître pourras-tu, fleur, tout à loisir :
 Ta sève est mon sang, tu l’épuiseras,
 Tout à loisir, tout à loisir !

 Quand toute force à la fin m’ayant fui,
 L’auguste Mort viendra cueillir mes yeux,
 Vergiss-mein-nicht, tu fleuriras pour lui

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