Page:Faure - Histoire de l’art. L’Esprit des formes, 1927.djvu/407

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qu’à l’époque où elle montait joyeuse de toutes parts sur les villes et les campagnes, l’esprit chrétien n’est plus, dans ses manifestations figurées, qu’une chose tourmentée dont les supports se dérobent, dont l’armature se disloque, dont les profils disparaissent sous la profusion de l’ornement (i). En Espagne, aux siècles les plus catholiques, alors que la Réforme a fait lever le fanatisme, que les soldats, le chapelet au poing, portent la croix et les supplices dans tout l’Occident, et plus tard, quand une ville entière se fait égorger homme par homme, femme par femme, incendier ou démolir maison par maison pour défendre une pauvre idole nichée dans un vieux pilier, les grandes formes d’art-Velazquez, Goya-sont à peu près complètement profanes, pas du tout mystiques en tout cas. Le seul mystique, le seul

qui donne cette sensation de surnaturel réalisme qu’est le christianisme espagnol-cadavres vivants habillés de pourpre et de fer sous la lampe sépulcrale, cendres froides, lèvres livides, étroite idée montant très haut-n’est pas un Espa-

(t) Fig. 165.

FIG. 193.

iDOl^E COMPOSITE (Assyrie.)

Cl. Mansell.

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