Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/122

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
118
SUR LE SOL D’ALSACE

Les convives se séparaient, en sentant le sommeil. Des pas lourds, un peu incertains, animaient les corridors, puis le calme se répandait, troublé quelquefois par une fenêtre que l’on ouvrait ou fermait.

Herbert rejoignait sa femme. Un contentement illuminait son visage. Il était expansif et s’approchait du lit de Louise en disant :

— Tu dors ?…

Elle fermait les yeux pour ne pas répondre et lui se déshabillait lentement et en monologuant dans l’espoir de la réveiller. Sa voix était un peu pâteuse et il avait du mal à retirer ses bottes qui tombaient avec un bruit pesant.

Il entamait de grandiloquentes apologies sur la nation prussienne, dont tous les peuples devraient suivre les lois justes et équitables. Aucun régime n’était supérieur… Les Alsaciens reconnaissaient enfin toute sa perfection puisqu’ils s’y pliaient… ils ne se plaignaient pas… donc, ils s’en trouvaient bien…

Louise ne perdait pas une parole de ces discours. Chaque mot s’enfonçait dans son âme comme les coins dans le supplice du brodequin.