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SUR LE SOL D’ALSACE

sur celui de Louise pendant que ses lèvres charnues, un peu entr’ouvertes, semblaient murmurer un nom.

Le moment de recueillement passé, les cadeaux furent distribués. Les vins chauds et froids circulèrent ; un parfum de cannelle et de citron se mêlait au goût de la cire. Les gâteaux au cumin, les tartes aux pruneaux et les pains à l’anis se multipliaient. Une gaîté, que Mme Bergmann entretenait, comme une vestale le feu propitiatoire, unissait les invités.

Un mélange de sérieux et d’enfantin se dégageait de cette cérémonie ; quelque chose de profane et de sacré.

Elsa allait et venait d’un convive à l’autre. Sa démarche, un peu lourde, lui donnait un soupçon de majesté qui s’harmonisait avec ces heures qu’on s’efforçait de rendre solennelles.

Elle offrait les gâteaux, en arrondissant le bras, d’un geste un peu ample, et son regard glissait de dessous ses paupières tombantes, jusqu’à la main qui les prenait. Quand on la remerciait, elle souriait, et ses prunelles luisaient à travers les cils. Délicatement, elle entourait Mme Ilstein