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SUR LE SOL D’ALSACE

— Ah ! je les élèverai, moi !… s’écria Marianne avec feu.

Puis, elle retourna, toute secouée, à ses occupations.

Louise, pensive, la laissa s’éloigner.


C’est aujourd’hui qu’elle a chargé Mme Streicher de transmettre sa réponse à M. Ilstein.

Pour prévenir Marianne, il lui a fallu tout son courage, car elle avait à combattre un être tenace, représentant, à lui seul, tout le chauvinisme des aïeux. Pour sortir victorieuse de la lutte, elle a fait valoir tous les arguments que lui a fournis sa jeune vaillance soutenue par son vouloir.

Maintenant, elle cherche à s’imaginer l’effet que produit sa décision sur Herbert. Elle voit l’éclair de son regard s’adoucir ; elle entrevoit son sourire… À mesure que l’heure s’avance son agitation s’accentue. Elle arpente fébrilement la terrasse où elle s’est entretenue avec sa bonne.

Le soir approche ; un soir merveilleux de mai qui transforme la brise en parfum ; où tous les bruits de la terre semblent des mélodies, tant l’écho les prolonge. Les derniers rayons