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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/151

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SUR LE SOL D’ALSACE

Les flocons entassés tombaient des arbres avec un bruit mat ; une branche sèche cédait parfois sous le poids d’un corbeau poursuivant une proie ; il se perchait alors plus haut en faisant voltiger la poussière blanche sous ses griffes dures.

Un soleil sans rayons perçait les nuages. Il accomplissait une courbe courte dans le ciel monotone et tombait très vite à l’horizon gris.

Louise rentrait frissonnante, malgré ses chaudes fourrures, et s’asseyait dans son petit salon tout tendu de peluche bleu pâle, où la cheminée semblait préparer un incendie à voir les bûches qui l’alimentaient.

Devant ce feu, elle songeait à Fritz et tremblait pour lui d’une terreur indicible. Elle redoutait des conflits entre son père et lui et pensait à la discorde qui se lèverait peut-être entre les deux frères. Des pressentiments la torturaient ; elle essayait de s’y soustraire par la lecture, mais son esprit ne pouvait s’assimiler au sujet ; les mots s’offraient à ses yeux comme des rébus dont elle ne possédait pas la clef ; elle rejetait le livre et restait plus songeuse encore, les mains inoccupées.