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SUR LE SOL D’ALSACE

paie. Son jeu sournois a trop longtemps duré… Rien ne doit détruire notre harmonie et je vais moi-même lui signifier son congé…

— Non… Herbert… je le lui dirai…

Les mots sortaient avec difficulté de ses lèvres.

Son mari reprit :

— Que ce soit fait dès aujourd’hui…

— Laisse-moi quelques jours pour m’habituer à cette séparation…

— Terminons-en tout de suite… plus tu attendras, plus cela te sera pénible… bien que je ne comprenne nullement ta pitié pour cette femme hargneuse qui nous déteste…

— Herbert, ne dis pas cela !

— Je dis ce qui est !

— Tu es dur !

— Je suis juste !

— Et si je ne voulais pas, moi, qu’elle s’en aille, cria Louise en se redressant. Ses yeux bruns brillaient sous ses sourcils rapprochés. Les vingt ans de soumission se rebellaient.

Herbert la toisa, surpris. Leurs regards se heurtèrent comme deux forces prêtes à se jeter l’une sur l’autre.