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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/159

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SUR LE SOL D’ALSACE

Vous secouez la tête… Il y a autre chose ?…

Louise voyait que Marianne ne se doutait pas de la situation exacte. Elle répondit faiblement comme si la mort menaçante arrachait une à une ses paroles :

— Mon mari… ah ! pardonne-moi, Marianne, ne veut plus te voir à Greifenstein…

— Ciel ! que vais-je devenir ?…

Et Marianne leva ses bras tremblants et les laissa retomber ; ses mains se crispèrent après son tablier pendant que ses traits se durcissaient dans l’hébétement de la douleur. Des gémissements sans pleurs sortirent de sa gorge.

Inconsciente, elle s’accroupit devant la cheminée et machinalement arrangea le feu ; la flamme, brusquement, dévoila, dans un reflet rouge, les rides de son visage. Soudain, elle se tourna vers Louise et, se jetant à ses genoux qu’elle entoura de ses bras, elle cria :

— Oh ! garde-moi !… garde-moi !…

Le tutoiement qu’on lui permettait quand Louise était enfant, revivait dans l’ardeur de la supplication.

Louise ne trouvait pas de mots pour atténuer