Aller au contenu

Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
227
SUR LE SOL D’ALSACE

Elle se raidit devant ce fils qui devait suivre la voie de son aîné ; elle ne voulut pas embrumer son âme… l’affliger de ses remords à elle…

Elle eut le courage d’un pauvre sourire en répondant :

— Pleurer ?… J’ai du chagrin de savoir Wilhelm encore une fois parti, mais je sais qu’il reviendra dans deux mois, en congé… mes larmes seraient légères !…

Fritz n’insista pas. Il comprenait tout le combat qui s’agitait en sa mère.

Elle le quitta.

Octobre jetait sur la nature un voile de fine pluie. Les arbres, garnis encore, reluisaient sous le vernis de l’eau. Des tons verts se mariaient à des roux foncés, mais les couleurs se tamisaient de gris. L’air n’agitait nul rameau. De temps à autre, des feuilles se détachaient, silencieuses et s’aplatissaient dans la boue sombre.

Des troglodytes se nichaient dans les vieilles roches, d’où ils s’envolaient, gros comme des noix ailées ; leur vol bas égayait les buissons agonisants. Quelques baies d’églantiers rougissaient les haies.