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SUR LE SOL D’ALSACE

écoutait les paroles d’exhortation que sa vieille amie lui prodiguait encore, mais elle ne pouvait rien répondre ; elle restait la bouche serrée, de peur de laisser un passage aux sanglots.

M. Ilstein revint au bout de trois jours. Il parla beaucoup de Wilhelm et ne tarissait pas d’éloges sur la façon dont il portait l’uniforme d’artilleur. Il possédait un cheval magnifique, payé fort cher. Ses chefs semblaient bienveillants.

Il était heureux que son fils fût à Strasbourg. Il lui plaisait qu’il servît sur le sol même du pays conquis. Le patriotisme n’était que mieux entretenu, en foulant la terre, prix de la gloire, et la valeur des soldats s’en augmentait.

Il disait à Fritz :

— Il me tarde que ce soit ton tour… tu as besoin d’être discipliné…

Le jeune homme ne répondait rien et cependant il devenait plus aimable envers son père. Il consentait à l’accompagner parfois le soir. M. Ilstein se vantait de l’avoir assoupli. Louise elle-même s’y trompait, car elle voyait son fils qui paraissait accepter toutes les théories allemandes, sans murmurer. Aucune révolte n’en-