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SUR LE SOL D’ALSACE

pression que les mânes de ses aïeux la bénissaient parce qu’elle leur conservait l’antique refuge… Qu’importait l’arme dont elle se servait !… la conquête restait… Les tours se relèveraient ; les terres vivifiées s’épanouiraient et l’âme des Denner errerait toujours, parmi les descendants, dans le vieux nid de faucons !

Louise n’entendait pas habiter autre part que dans sa demeure, l’usine du Ramsthal étant à peu de distance de Greifenstein.

Elle se souvient avec quelle respectueuse ferveur elle entra dans la galerie immense où tous les Denner se trouvaient rassemblés dans leurs cadres plus ou moins ternis. Rapidement, elle passa devant le portrait d’un aïeul, ancien colonel français, d’un bisaïeul, procureur au tribunal de Strasbourg, pour s’arrêter devant celui de sa mère si douce… si bonne… Elle chercha sur ce front, froid pour toujours, l’étincelle qui l’éclairerait… Il lui sembla lire une approbation dans les yeux souriants… Le regard de son père lui fît mal… Une tristesse s’y reflétait… Elle se rappela son désespoir d’appartenir à l’ennemi, son aversion pour tout ce qui tou-