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SUR LE SOL D’ALSACE

j’étais le maître absolu… souviens-t’en à l’avenir !…

Sans un autre mot, il quitta la pièce.

Louise resta hébétée dans la haute salle assombrie par ce mois d’octobre humide et gris. Ses yeux regardaient, sans le voir, le tapis ; ses mains pendantes, le long de son corps, semblaient deux fleurs renversées et mourantes. Sa pensée tournoyait sans se fixer ; elle ne savait plus quelle orientation prendre.

Le domestique entra pour desservir. Elle s’évada de sa torpeur et reprit un visage vivant. Les tasses, heurtées entre elles, lui firent un mal affreux ; elle trouva que rien n’était plus insupportable que ce bruit et s’enfuit de la pièce.

Elle croisa Mina qui lui demanda des ordres pour une garniture de robe… Elle ne comprit pas ce que lui voulait cette fille… elle remarqua seulement son tablier blanc qui l’éblouissait et l’irritait comme une chose trop gaie au milieu d’un deuil…

Elle rentra dans sa chambre et se mit à ranger ses tiroirs avec minutie. Ainsi qu’un fantoche conduit par le fil de l’habitude, elle allait et