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SUR LE SOL D’ALSACE

fenstein lui restera… Le présent seul parle, voilant le passé. L’avenir, c’est l’amour qui l’unit à Herbert, c’est le printemps de ce soir, c’est le soleil de demain !

Reprise par sa résolution, et chassant tout ce qui lui semble l’affaiblir, Louise s’accoude au rebord de la terrasse. La montagne, aux avances du soir, se parfume de senteurs nouvelles. Les sapins s’assombrissent et dans leur ombre bleue se détachent les nids des corbeaux.

Une fraîcheur monte de la terre un peu rouge, mal couverte encore par les moissons futures. La Zorn, vue de loin, paraît inactive et silencieuse et ressemble à un serpent mollement couché sur le velours vert des prés.

Un coucou, dans le lointain, crie ses deux syllabes monotones. Une corneille plane, les ailes bien droites, la queue en éventail…

Mais Louise ne perçoit rien autour d’elle… son âme est toute suspendue à l’espoir… Maintenant Herbert connaît sa réponse… sa destinée s’accomplit…

L’air, soudain, lui paraît trop clair ; une peur la saisit… Sa vie est maintenant liée à une autre