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SUR LE SOL D’ALSACE

dorénavant il ne ferait plus que s’enfuir…

Depuis longtemps sa décision avait exercé sur lui son emprise ; il savait qu’il ne s’en délivrerait plus. Il n’avait pas de but précis : l’Allemagne lui était odieuse, il secouait son joug. Il partait parce que sa conviction et sa révolte le lui ordonnaient ; il comptait sur une aventure miraculeuse parce qu’il était jeune et plein de foi : la France le protégerait.

L’heure arrivait. Il sortit de l’église et entra dans la nuit ; le froid tomba sur son corps, enveloppa son âme. Dans le lieu sacré, il laissait sa première vie, tout ce qu’elle comportait de confort, de chaleur et d’avenir assuré. Il aurait encore pu revenir au milieu des siens, s’asseoir devant l’arbre lumineux, mais il poursuivit son chemin.

Une odeur de résine le surprit comme il passait devant une maison dont la porte s’ouvrit. Une femme, une jeune fille en sortirent pour aller à la messe de minuit. À travers les fenêtres dont les contrevents se disjoignaient, on apercevait le sapin joyeux…

Il passa rapidement devant la demeure de