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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/267

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SUR LE SOL D’ALSACE

Igney-Avricourt !… frontière française…

Son sang se figea dans ses veines. Il ferma les yeux, ramassant ses forces, afin de les ouvrir plus grands pour tout étreindre de sa nouvelle patrie, cette terre pour laquelle il abandonnait tout.

Un enthousiasme fou débordait en lui, car il la parait de toutes les séductions. Il descendit pour la douane dans l’émerveillement de son rêve…

Un quai humide de gare, des employés indifférents, des mots français, du vent qui s’engouffrait dans des salles ouvertes, des voitures de bagages qui le heurtaient… c’était la France.

La terre de France, ce sol humide où la neige boueuse collait aux talons…

Le ciel de France, cette noirceur sans étoiles que l’on apercevait entre les marquises des quais…

L’air de la France, ce froid glacial qui le pénétrait et qui gifflait les portes avec des chocs brusques dont on tressautait…

Oh !… la déception sinistre après le songe magnifique !