L’inconnu s’excusa :
— Il ne faut pas vous indigner. On peut se tromper à l’accent. J’aime mieux voir un Alsacien… Les Allemands nous ont fait trop souffrir pour qu’on les retrouve sans arrière-pensée… mais ce sera leur tour bientôt…
— Comment ?
— Eh ! eh !… il se pourrait que d’ici peu… la revanche…
— Une guerre ?
Et Fritz plongeait ses yeux dans ceux de son compagnon.
— Ah ! ne vous emballez pas ! jeunesse… on dirait que vous sentez déjà l’odeur de la poudre… Cela vous plairait, n’est-ce pas, de rendre l’Alsace à votre père qui la pleure…
Fritz frémit et ne put rien répondre ; un frisson le traversait, l’annihilait… Son interlocuteur poursuivit :
— Oui… tous les ans, au printemps, on parle de la guerre, mais cette fois, je crois qu’elle s’annonce vraiment…
Fritz eut une vision horrible… une hallucination de l’ouïe, les casques à pointe, le son des