Aller au contenu

Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/286

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
282
SUR LE SOL D’ALSACE

— La conséquence de forces accumulées par le passé, monsieur.

— Ce sont de grands mots pour l’étourderie d’un adolescent, dit Herbert légèrement.

— Votre épithète est petite pour des sentiments qui se sont révélés à plusieurs reprises, pour se couronner par un acte d’homme.

— Ne croyez pas, madame, que mon fils puisse être libéré par son geste… Ma volonté sera plus puissante que la sienne… Il a seize ans… il ne peut donc passer pour déserteur… il sera comme son frère… soldat allemand…

— Pourquoi voulez-vous l’y forcer ?… si cet enfant, pitoyable aux choses d’Alsace, veut rentrer dans le rang des Alsaciens… d’où sa mère est sortie…

— Il n’y a plus d’Alsaciens, madame, les Allemands seuls existent…

— Vous m’oubliez, monsieur…

— Les Allemands seuls existent, répéta Herbert avec force, parce qu’ils sont les maîtres… Le vainqueur ne s’occupe pas des faiblesses d’un peuple, pas plus qu’un père ne doit s’arrêter aux errements qui agitent