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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/313

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SUR LE SOL D’ALSACE

n’avait rien pris, absorbée par sa course fantastique. Elle sonna pour se commander une collation.

Et doucement, dans la paix du salon illuminé, dans la chaleur tiède et parfumée par une gerbe de mimosa, elle attendit…

La nuit étreignit la terre. La neige enveloppa les choses. Elle attendait encore…

Le vent hurla, lugubre, en une plainte intraduisible… Elle attendait toujours…

Wilhelm rentra, de l’amour plein le cœur, de la douceur plein la voix. Il fut surpris de la voir :

— Maman ! déjà de retour ?… Fritz ?…

— Il était reparti pour Saverne quand je suis arrivée à Nancy… Il va rentrer… Il devrait être ici… mais il a dû passer chez Mme Hürting, qui lui aura dit que j’étais en France… alors… il ne se presse pas… il ne me sait pas à Greifenstein… tu comprends ?…

Elle disait ces mots avec calme ; les raisons de ce retard prolongé lui venaient toutes naturelles ; elle s’étonnait même de s’être alarmée, tellement tout lui paraissait simple et facile à mesure qu’elle énonçait les paroles.