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SUR LE SOL D’ALSACE

Elle commandait rapidement, entre deux plaisanteries accompagnées de phrases aimables pour tous. Moins distinguée que Louise, elle plaisait plus vite par ses allures décidées.

Elle se rendait indispensable. Au courant de tout, elle éclairait Louise sur la mode, la « mode de Paris », comme disent les étrangères. Louise, jusqu’alors absorbée dans son deuil sévère, se laissait guider avec confiance.

Clara s’en amusait et reconnaissait avec facilité que son amie embellissait tout ce qu’elle portait. Les couturières, déjà flatteuses par métier, augmentaient les éloges en voyant leurs œuvres rehaussées par la grâce de leur jeune cliente. Elles expliquaient le miracle en la qualifiant d’un seul mot : française.

Pour se reposer de leurs courses, les deux amies entraient, à l’heure du goûter, dans un de ces clubs dont les femmes allemandes ne sauraient se passer. On y accueillait Clara avec enthousiasme. Douée de cette hardiesse candide, particulière aux jeunes filles de sa race, elle représentait la saillie imprévue qui déride tous les fronts. Louise se choquait parfois de l’esprit fa-