Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
43
SUR LE SOL D’ALSACE

Enfin, par petits groupes, elles se séparèrent avec de bruyants au revoir !

Les deux amies allèrent chez Mme Streicher, où la charrette anglaise que Louise prenait pour ses courses, devait attendre. Dès qu’elle fut seule avec Clara, elle dit :

— Pourquoi t’es-tu moquée ainsi de moi ?… pourquoi bâtir cette histoire de miracle, alors que c’est chez ta mère qu’Herbert m’a rencontrée ?…

— Il fallait bien leur dire, répondit vivement sa compagne, que c’était miraculeux, une alliance franco-allemande dictée par Dieu. Elles t’en veulent un peu d’avoir l’honneur d’être épousée par le plus riche parti de Saverne et par un bel homme, ce qui augmente leur mauvaise humeur. Herbert Ilstein est une autorité, papa le disait encore hier. Sa fortune s’accroît sans cesse… Il est très apprécié et sera sûrement conseiller…

Louise avait réprimé un mouvement de révolte en entendant qu’Herbert lui faisait « l’honneur » de l’épouser. Pour la première fois, elle sentit l’orgueil allemand passer dans l’âme de son amie.