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SUR LE SOL D’ALSACE

Quand il fut sorti, Herbert reprit :

— Je désire surtout que les enfants ne soient pas laissés seuls avec Marianne…

— Je n’ai confiance qu’en elle, dit Louise surprise.

— Je rends justice à ses qualités, mais elle est trop Alsacienne pour ne pas éveiller ma méfiance. Elle détonne dans ma maison. Je l’ai gardée par égard pour toi, mais surveille-la… je ne veux pas qu’elle fausse l’esprit de mes fils par son patriotisme outré…

Louise, atterrée, commença :

— Je n’ai jamais remarqué, dans son service auprès des enfants, qu’elle ait…

— J’ai entendu certaines paroles qui m’ont déplu, interrompit Herbert. — Or, je tiens à ce que mes fils n’aient aucun doute sur la grandeur allemande. Les cerveaux d’enfants reçoivent toutes les impressions… il en est qui sont difficiles à extraire… J’ai pu te convaincre de notre supériorité, mais je sais que Marianne nous est hostile… Pendant que nous élèverons ces deux jeunes âmes dans l’amour de leur patrie, il ne faut pas que cette servante vienne y jeter des germes malsains…