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SUR LE SOL D'ALSACE

douleur toujours plus profonde de son mari n’altérât brusquement sa santé minée par un cœur malade.

Quelquefois, M. Denner parlait de quitter le pays conquis et remanié par le vainqueur, mais son courage l’abandonnait au moment d’agir. Ce sol, qui l’avait vu naître, ainsi que le père de son père, lui tenait trop à l’âme. La moindre parcelle de grès rouge, le balancement des grands sapins noirs, la Zorn capricieuse argentant les prés, l’émouvaient et le retenaient. L’habitude, cette amie insinuante, qui vous attache doucement, mais profondément, aux êtres et aux choses, l’enserrait chaque jour davantage dans le cadre qu’il aimait, et ce cadre était Greifenstein dominant Saverne et la vallée.

Avec ses compagnons, il parlait des nouvelles générations qu’agitait la revanche. Il consolait ceux qui ne pouvaient se soumettre ; avec les autres, plus calmes, il discutait l’annexion injuste et les lois d’exception qui les régissaient.

Il eut cependant une grosse émotion quand son meilleur ami, M. Hürting, partit à Nancy