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SUR LE SOL D’ALSACE

Elle s’adossa, lasse, au tronc d’un chêne, dont le faîte dominait la vallée depuis de lointaines années, et oublia pendant quelques instants la réalité, toute conquise par le charme du printemps.

Le sifflement d’une sirène montant du Ramsthal la fit tressaillir… Comme une note discordante qui détruit une harmonie, ce cri strident la replongea dans ses soucis.

Son mari allait rentrer.

Elle se hâta vers sa demeure et entendit ses fils qui l’appelaient.

Elle modula légèrement le chant qui leur servait de ralliement dans les allées nombreuses de la propriété. Leurs voix répondirent comme un écho fidèle et, rapidement, ils furent à ses côtés. Sur leur visage, nulle trace ne subsistait de l’incident du matin.

Ils s’emparèrent chacun d’un bras de leur mère et se dépensèrent en bavardages joyeux. Ils cheminaient tous trois, beaux d’une élégance toute française, dans le soleil de midi aux ombres réduites.

Comme ils entraient dans le hall immense qui