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DESCARTES.

était de soumettre la théologie à la raison ; les théologiens dissidents faisaient cause commune avec les cartésiens. Les orthodoxes s’alarmèrent. On sait comment, dénoncé par Voetius, recteur de l’université d’Utrecht, Descartes fut appelé devant les magistrats pour répondre du crime d’athéisme et voir brûler ses livres par la main du bourreau. L’intervention de l’ambassadeur de France arrêta cette procédure.

IV. — Depuis longtemps sollicité par Christine de Suède, Descartes finit par quitter la Hollande et fut reçu à Stockholm avec de grands honneurs. Tous les jours, à cinq heures du matin, il se rendait dans la bibliothèque de la cour, et la reine l’écoutait disserter sur quelque question de philosophie. Mais le philosophe, dont la poitrine avait toujours été délicate, ne put résister aux rigueurs du climat et au changement de toutes ses habitudes. Il tomba malade quatre mois après son arrivée. Les médecins suédois voulurent le soigner : « Messieurs, leur criait-il, épargnez le sang français ». Il se laissa saigner au bout de huit jours, « trop tard », disent ses biographes ; nous pensons plutôt que la saignée hâta sa fin. Il mourut le 11 février 1650, à l’âge de cinquante-trois ans à peine.

En 1667, ses restes furent rapportés de Suède en France et ensevelis dans l’église Saint-Étienne-du-Mont ; le père Lallemand, chancelier de l’Université, allait prononcer son éloge funèbre quand arriva un ordre de la cour qui interdit tout panégyrique.

Le 20 novembre 1663, la congrégation de l’Index