Page:Fouillée - Descartes, 1893.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
62
DESCARTES.

par une ridicule injustice qu’on a voulu, sans le moindre fondement, attribuer à l’Allemand Snellius la découverte de la loi de la réfraction.

Non moins injustes sont ceux qui attribuent à Torricelli la première idée de la pesanteur de l’air et à Pascal tout l’honneur des expériences du Puy de Dôme. C’est à Descartes, non à Torricelli, qu’est due l’idée de la pesanteur de l’air et de son influence sur l’ascension des liquides. Et c’est aussi à Descartes qu’est due l’idée de l’expérience du Puy de Dôme, ainsi que la célèbre comparaison de l’air avec « la laine » : Pascal la lui emprunte sans le nommer. Dès le 2 juin 1632, Descartes écrivait à un anonyme : « Imaginez l’air comme de la laine et l’éther qui est dans ses pores comme des tourbillons de vent qui se meuvent çà et là dans cette laine ; le vif-argent qui est dans le tuyau ne peut commencer à descendre qu’il n’enlève toute cette laine, laquelle, prise toute ensemble, est fort pesante. « Descartes avait donc devancé d’au moins douze ans Torricelli, qui ne parvint qu’en 1643 à sa conception. En 1638, Descartes écrivait encore à Mersenne : « L’observation que les pompes ne tirent point l’eau à plus de 18 brasses de hauteur ne se doit point rapporter au vide, mais à la pesanteur de l’eau, qui contre-balance celle de l’air ». Pendant deux séjours à Paris, Descartes entretint plusieurs fois et longuement Pascal. Il était le plus souvent question entre eux du vide, que Pascal avait toujours défendu, et de la cause de l’ascension des