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aventures du baron de münchhausen.

Je m’étais rendu à Wapping pour surveiller l’embarquement de divers objets que j’envoyais à plusieurs de mes amis de Hambourg ; l’opération terminée, je revins par le Tower Wharf. Il était midi, et j’étais horriblement fatigué ; pour échapper à l’ardeur du soleil, j’imaginai de me fourrer dans un des canons de la tour afin de prendre un peu de repos : à peine installé, je m’endormis profondément. Or, il se trouvait que nous étions précisément au 1er juin, jour anniversaire de la naissance du roi Georges III, et, à une heure, tous les canons devaient tirer pour fêter cette solennité. On les avait chargés le matin, et comme personne ne pouvait soupçonner ma présence en pareil lieu, je fus lancé par-dessus les maisons, de l’autre côté du fleuve, dans une cour de ferme entre Benmondsey et Deptford. Je tombai sur une grande meule de foin, où je restai sans me réveiller, — ce qui s’explique par l’étourdissement qui m’avait saisi dans le trajet.

Environ trois mois après, le foin haussa si considérablement de prix, que le fermier jugea avantageux de vendre sa provision de fourrage. La meule où je me trouvais était la plus grande de toutes, et représentait au moins cinq cents quintaux. Ce fut donc par elle qu’on commença. Le bruit des gens qui y avaient appliqué leurs échelles pour l’escalader me réveilla enfin. Encore plongé dans un demi-sommeil, ne sachant pas où j’étais, je