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ISOLINE

caprice, une cruauté ? était-elle malade ? Gilbert croyait deviner qu’il lui avait déplu et qu’elle ne voulait plus le revoir. Marie avait une pensée plus affreuse qui lui tenaillait le cœur et elle essuyait des larmes à la dérobée.

Il alla aussi roder devant l’étang ; mais il ne vit rien, tout était clos, immobile.

La nuit tomba, nuit claire et parfumée que la lune illumina. Le jeune homme s’éloignait, puis revenait, ne pouvant se résoudre à partir.

Tout à coup il entendit courir dans le sentier, une forme parut, et, avant qu’il eût pu se reconnaître, Isoline se jetait dans ses bras à demi évanouie.

— Qu’avez-vous ? mon Dieu ! » s’écria-t-il en l’attirant sous un rayon de lune.

Elle était blême, haletante, les cheveux emmêlés, la robe en lambeaux, ses mains saignaient.

— « Emmenez-moi ! soupira-t-elle.

— On vous poursuit ? on vous a blessée ?

— Non, je me suis enfuie, j’ai brisé la serrure et passé à travers la haie, où j’ai laissé beaucoup de mes cheveux.

— Pourquoi ? Qu’est-il arrivé ?