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ISOLINE

chiens n’aboyèrent pas, elle se glissa par les allées sombres à petits pas, afin de regagner sa chambre sans être vue ; mais les fenêtres de la chapelle qui flamboyaient attirèrent ses regards ; elle s’arrêta.

Si pourtant elle pouvait voir ce qui se passait derrière ces vitraux, peut-être découvrirait-elle le secret de sa destinée ? La tentation était forte. Qui sait si ce qu’elle apercevrait ne lui fournirait pas une arme dans la lutte qui allait s’engager ?

Elle fit le tour de la chapelle : une des fenêtres était entr’ouverte, en la poussant un peu le regard pourrait s’y glisser ; il s’agissait d’y atteindre. Les échelles ne manquaient pas dans la cour, elle en traîna une sans trop de bruit et la dressa : son cœur battit en posant les pieds sur les échelons.

Une infinité de bougies allumées l’éblouirent d’abord, puis elle aperçut un vieillard, correctement vêtu, qui balayait.

Elle croyait rêver. L’intérieur de la chapelle était comme une chambre très coquette, mais fanée : des tentures de satin bleu, des miroirs, des candélabres, et, sur une estrade, un lit sous des rideaux relevés. Une femme était étendue sur ce lit immobile et toute vêtue.