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ISOLINE

Elle était tout en blanc, avec le voile des novices, blanche comme ces blancheurs et d’une froideur de statue.

Il se fit un silence pendant lequel on entendit battre les artères.

La jeune fille tenait les yeux baissés ; elle dit enfin d’une voix lente que Gilbert ne reconnut pas :

— « J’ai voulu vous revoir, mon frère, afin de vous dire un dernier adieu : je renonce au monde pour lequel je n’étais pas faite, la grâce m’a touchée ; dans un mois j’entre en religion.

— On vous contraint, Isoline, ce n’est pas vous qui parlez ainsi, s’écria le jeune homme épouvanté ; un premier amour ne s’éteint pas si vite au cœur et vous m’aimiez ; vous si spontanée, si loyale, vous ne trahiriez pas aussi cruellement. Non, je ne vous crois pas, je ne reconnais pas votre pensée ; dites un mot, faites un geste et je démasquerai les faussetés, les terreurs que l’on tisse autour de vous, je vous arracherai d’ici. »

Elle leva les yeux et un éclair qu’elle ne put retenir en jaillit ; mais elle reprit avec le même calme :

— « J’ai parlé librement, et rien ne contraint ma