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ISOLINE

d’entrer en retraite : je voudrais revoir encore une fois Marie Damont, la nourrice dévouée qui m’a élevée. »

Marie vint en toute hâte et fut prise d’un tremblement convulsif, lorsqu’elle vit son enfant bien-aimée sous le suaire des religieuses.

— « C’est le dernier coup ! » murmura-t-elle, tandis que ses yeux caves s’emplissaient de larmes.

Isoline la prit dans ses bras, l’apaisa sous ses caresses et lui dit quelques mots à l’oreille, qui subitement séchèrent les larmes. Mais, se sentant observée, elle dit tout haut :

— « Ne pleure donc pas, je serai très bien ici, c’est moins triste que mon vilain château : viens voir le jardin, il est très joli, et de ma cellule on a une vue charmante.

— En somme, elle n’aimait pas le capitaine, » se disait l’abbé Jouan en la regardant entraîner Marie presque gaiement et lui montrer les fleurs des corbeilles.

Au plaisir d’avoir conquis à l’Église une fortune considérable se joignait, chez le prêtre, celui de voir une beauté aussi parfaite échapper au monde et à l’amour : il était de ceux qui aiment à renverser une coupe qui n’est pas emplie pour eux.