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LE FRUIT DÉFENDU.

il joignait les mains et les élevait devant sa poitrine, selon la règle du salut appelé le Kong-Tchao ; puis, accomplissant le deuxième salut qu’on nomme le Tso-Se, il s’inclinait profondément, les mains jointes ; puis, il pliait les genoux sans les poser à terre, comme le Tsa-Sien l’ordonne, et enfin s’agenouillait, obéissant à la coutume du Tsien.

Mais, pensait-il, ces modes de révérences ne sont peut-être pas assez respectueux pour d’aussi respectables personnages ; acquittons-nous du Ko-Tao, qui exige que l’on frappe une fois la terre de son front après s’être agenouillé ; du San-Kao, qui demande que l’on mette trois fois de suite ses cheveux dans la poussière du parquet, et n’oublions pas le Sou-Kao, qui n’est autre chose que le San-Kao répété deux fois.

Et l’honnête libraire, agenouillé devant les miroirs, saluait en effet ses hôtes imaginaires. Il ne se coucha point avant d’avoir entendu passer la quatrième ronde des veilleurs de nuit, qui entrechoquent bruyamment des petites planchettes de bois ; et quand, vaincu par le sommeil, il se jeta sur son lit, sans quitter d’ailleurs sa belle robe, il eut un rêve où il se vit reçu par l’empereur, dans la