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LE FRUIT DÉFENDU.

fleurissait un jardin d’une élégance merveilleuse.

Les allées, irrégulières et entortillées comme des lianes, étaient pavées de pierres lisses, différentes de contours et de couleurs, qui formaient des dessins agréables. Des lions de porcelaine étaient assis, la gueule ouverte, à l’entrée de petits ponts de marbre qui franchissaient des lacs artificiels. Au milieu de rochers factices, aux aspects bizarres et invraisemblables, de minces cascades glissaient sur la mousse et, de tous côtés, s’écoulaient vers le lac. Dans des vases, imitant des dragons, des éléphants et des monstres fantastiques, les fleurs-de-lune et les marguerites jaunes s’épanouissaient, précieusement soignées ; tandis que la large pivoine, justement appelée l’impératrice des fleurs, éclatait dans les parterres, éblouissant les yeux. Les arbres étaient rares et bien taillés ; il y avait des dragonniers sanglants et des cédratiers pâles, et aussi quelques orangers parfumés qui commençaient à fleurir ; le vent faisait tomber dans les lacs des pétales de roses et agitait doucement le panache léger des bambous noirs.

Sang-Yong contemplait ce jardin avec admiration ; il lui semblait qu’il devait avoir été tracé sur