Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/296

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
296
LE FRUIT DÉFENDU.

Princesse-Blanche regarda à travers les branches de son éventail, tandis qu’A-Tei ouvrait une petite porte cachée dans la palissade ; elle faillit éclater de rire en apercevant la figure réjouie et bouffonne du bon libraire.

— « A-Tei, dit-elle, a des goûts singuliers. »

Lorsque Sang-Yong fut entré, il adressa mille salutations à la noble jeune fille, qui commanda à sa servante de les lui rendre ; puis il cassa une tige de bambou et il se disposa à rattraper le volant. D’abord, il ne réussit qu’à l’éloigner ; mais en le chassant ainsi il le rapprochait de l’autre rive ; il passa un des petits ponts de marbre, et, délicatement, entre deux ongles, il saisit le jouet. A-Tei frappait ses mains l’une contre l’autre en disant :

— « Voilà un mandarin très adroit.

— Il faut lui rendre grâce, dit tout bas Princesse-Blanche, et nous retirer bien vite dans l’appartement intérieur, en le priant de ne jamais revenir dans le petit bois de Cèdres.

— Ma maîtresse te prie de revenir demain dans le petit bois de Cèdres, afin que nous puissions jouir encore de l’honneur de ta compagnie.