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ISOLINE

dait ce lieu attrayant et il ne voulait pas le quitter : le désir qu’il avait de la revoir l’étonnait par sa violence. Était-ce donc possible que le vide de son âme fût comblé ainsi tout à coup ? Un être qu’il ne connaissait pas la veille à la même heure s’était emparé souverainement de sa pensée, comme le jour envahit la nuit ! Il était heureux de se sentir vivre, l’ennui de plomb qui pesait sur lui ne l’écrasait plus, aussi il activait de tout son pouvoir le commencement d’incendie.

Il chercha la pierre sous laquelle est caché le cœur du bon chevalier ; et l’ayant trouvée, dans une chapelle latérale, il s’assit auprès et se mit à lire machinalement l’inscription gravée en lettres gothiques :

cy gist le cueur de missire
Bertran du Guesclin
son vivant conétiable de France

Mais il n’allait pas plus loin, son regard s’échappait, cherchant toujours celle qui ne venait pas ; à la fin il s’impatienta et, au grand scandale des fidèles, sortit au moment où l’on donnait le pain bénit.

La place, complètement déserte maintenant, était