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ISOLINE

— Eh bien, partons, dit-elle : demain nous courrons la campagne. »

Lorsqu’ils furent en bas, elle se retourna et vit son voile qui palpitait sur le vieux donjon ; elle serra alors la main de Gilbert avec une sorte d’enthousiasme. Cette folie avait mieux servi le jeune homme que des années de tendresse soumise.

Ils revinrent, suivis des derniers rayons du soleil couchant.

La barque, glissant sous les branches, sur les feuillages reflétés, leur fit l’effet d’un nid ; ils s’y sentaient heureux, emportés dans une somnolence ; le regard qui pesait sur elle l’engourdissait doucement, et lui pensait que cette heure était une des meilleures de sa vie.

Lorsqu’il rentra chez sa sœur sans savoir comment il y était revenu, ce retour à la vie vulgaire lui causa un choc pénible. Il était enveloppé d’un nimbe de bonheur qui l’isolait, on le trouva maussade, le rayonnement de ses yeux ne fut pas compris.

— « Comment trouves-tu Marguerite Rochereuil ? lui demanda Sylvie après le dîner.

— Je ne la connais pas.