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22 GAZETTE DES BEAUX-ARTS au cours de sa fructueuse campagne de 1903. Il faisait partie du mo¬ bilier de luxe d’une maison construite avec grand soin, à 120 mètres vers l’est de l’entrée nord du palais; cette belle maison, qui compre¬ nait plusieurs étages, est qualifiée par M. Evans de « villa royale.» et paraît bien, en effet, mériter ce nom. On y trouve une grande salle, longue de llm50 sur 4m55 de large, soutenue par des piliers et pourvue, à une extrémité, d’une sorte de plate-forme où l’on a recueilli les débris d’un trône. L’analogie de la disposition de cette salle avec les basiliques romaines et chrétiennes est incontestable; d’ailleurs, la filiation historique peut être établie sans peine entre ces construc¬ tions, séparées par des dizaines de siècles. La basilique chrétienne, en effet, avec la plate-forme élevée où siège l’évêque, dérive de la basilique romaine, où le magistrat occupait une place analogue. Cette dernière n’est qu’une copie de la stoa basilikè, portique royal d’Athènes, où l’archonte-roi, successeur du vieux roi athénien, siégeait pour rcndrela justice. Dès 1885, M. Conrad Lange avait reconnu que la salle à piliers de i’a'rchonte-roi devait avoir eu pour modèle le me- garon ou salle du trône d'un palais préhistorique : voilà la preuve faite et un nouvel exemple, un admirable exemple, de la filiation et de la persistance des types, ajouté à tant d’autres non moins élo¬ quents. Une chaîne, dont nous tenons aujourd’hui les anneaux essen¬ tiels, relie la basilique royale de Cnosse à Saint-Paul-hors-les-Murs et à Saint-Denis ! Pour en revenir au vase, objet d’apparat et non d’usage, il est remarquable d’abord par une combinaison extrêmement heureuse de la décoration en relief et de la peinture. La plante qui se profile gracieusement sur ses flancs est une imitation libre du papyrus égyptien — une imitation, non une copie, car l’art de l’Égypte n’a rien fourni de semblable. Les lignes ondulées que l’on aperçoit sur la gauche et entre les tiges sont une figuration de l’eau et rappellent que le papyrus est une plante du Nil. Dans l’intervalle entre les fleurs et les feuilles sont des cercles en relief, entourant des rosaces et des étoiles. On ne peut dire que le décor soit naturaliste; il repré¬ sente, au contraire, un effort vers la stylisation, vers l’emploi pure¬ ment ornemental et conventionnel des motifs végétaux. Mais quelle élégance dans le galbe! quelle force, quelle sobriété, quel instinct du pittoresque expressif dans les reliefs! Je m’imagine que si M. Gallé avait à choisir une pièce d’élite parmi les découvertes de M. Evans, il se déciderait volontiers pour celle-là. Même après les fouilles de Mycèncs et de Vaphio, c’est un monde