Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/286

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

J. W. TURNER 251 instant crépusculaire qui précédé la nuit de la mort. On sent une fatigue, une lassitude, une main qui ne se dirige plus, une impres¬ sion qui ne se définit pas, — de la sénilité. Eh bien! ce n'est pas le cas de cette dernière œuvre quia toutes les qualités des précédentes. Les premiers plans sont ponctués de deux bouées dont l’une est verte1 et non loin desquelles louvoie un bateau aux voiles rouges et jaunes; derrière celui-ci, un yacht dont les voiles blanches se mêlent aux rais d’un arc-en-ciel. L’effet est de ses meilleurs. En somme, dans ses œuvres de composition Turner ne fait que SOLEIL LEVANT DANS LA BRUME, PAR TURNER (National Gallcry, Londres.) combiner le plus souvent des éléments empruntés. Il est surtout un artiste d’impressions, qui, pendant longtemps, n’en connaît d’autres que celles qu’il recevait des œuvres de maîtres. Sa com¬ préhension du style composé fut ordinaire, il manqua d’aisance, et de Claude il ne comprit profondément que le côté lumineux de son génie. Le grand amour de la lumière et de la couleur, et de l’effet dans la lumière, voilà ce qui lui appartient et voilà ce qui se déve¬ loppe en lui graduellement. Les ambitions le poussent vers un art abstrait et son tempérament l’en écarte. Devant les vérités de la 1. Cette bouée indique, d’après des conventions maritimes, qu’à cet endroit un bateau a sombré.