Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/390

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LE PORTRAITISTE AVED ET CHARDIN PORTRAITISTE (troisième et dernier article)1 'amitié d’Avcd et de Chardin re¬ montait, paraîtrait-il, aux années où l’un et l’autre cherchaient encore leur voie. 'Bien faits d’ail-

leurs pour s’entendre, tous deux de mœurs simples, aimant la vie pai¬ sible de la maison, souverainement et uniquement épris de leur art. Le com¬ merce avec les œuvres familières des vieux maîtres d’Amsterdam n’avait pu que prédisposer Aved à entrer ainsi en communion d’idées avec cet isolé que fut Chardin au milieu de la peinture mondaine et à'parade de son temps. Ils furent en relations continuelles toute leur vie et accomplirent en quelque sorte côte à côte leur carrière. Ce serait sur une parole de défi de son compagnon que Chardin, à partir de 1737, aurait été incité à se hasarder en dehors des plats, des chaudrons, des brioches et des saucissons, pour affronter la figure humaine; à vrai dire, il ne faut accorder qu’un médiocre cré¬ dit à ce récit de ses biographes, qui ne semblent point tenir compte des figures de quelques-unes de ses premières productions. Quoi qu’il en soit, le délicieux évocateur d’intimités n’en avait pas moins devant les yeux un portraitiste de carrière dont il pouvait mettre à profit les conseils quand il attaquait un genre comme le 1. Voir Gazette des Beaux-Arts, 1904, t. II, p. 89 et 215.